L'affaire a eu
lieu il y a si longtemps que nous ne pouvons qu imaginer ce quis'est passé. C'est ce que font les préhistoriens qui réfléchissent, sans le secours d'aucun
document, à ce qui doit forcément avoir eu lieu au début de l'humanité.
Cette notion même de début de l'humanité est d'ailleurs problématique. L'on admet aujourd'hui que, dans le cadre de l'évolution biologique, la spéciation (l'apparition de nouvelles espèces) a fait surgir, parmi les Primates, des êtres nouveaux qui sont les lointains (des millions d'années !) ancêtres des êtres humains actuels.
Mais décider si l'humain est apparu il y a sept millions ou deux millions d'années est très difficile, d'abord parce que les datations sont délicates, que les restes (ossements fossilisés) sont très rares, mais aussi parce que la distinction entre « singe » et « homme » est relativement arbitraire.Pour simplifier, nous dirons qu'il y eut d'abord des australopithèques, qui ont déjà des caractères humanoïdes, mais qui sont encore très proches des singes, puis des pithécanthropes, puis qu'apparaît le genre Homo, il y a environ 2,5 millionsd'années
L'on s'accorde aujourd'hui à admettre que l'Afrique fut le berceau de l'humanité. Les paléoanthropologues ont décrit une douzaine d'espèces différentes dans le genre Homo. C'est dire qu'il y eut, parmi ces premiers « hommes », une très grande variabilité biologique. Notons bien que la différence entre deux espèces est encore plus profonde que la différence entre deux races. Certaines espèces ont coexisté pendant de longues périodes. La plus ancienne est Homo habilis, dont le cerveau avait un volume moyen de l'ordre de 700 centimètres cubes. Puis apparurent diverses autres espèces, dont une des mieux connues est H. erectus, avec une capacité crânienne de l'ordre de 1 000 cc. Les trois espèces apparues le plus récemment sont H. floresiensis, H. sapiens et H. neanderthalensis. L'espèce floresiensis est mal connue. Elle a vécu en Indonésie. Les espèces sapiens et neanderthalensis seraient apparues il y a environ 350 000 ans. Le genre Homo (comme tous les hominiens précédents) est né en Afrique, et c'est à l'occasion du passage en Europe et en Asie occidentale qu'eut lieu la spéciation produisant ces deux nouvelles variantes humaines.
technique. On pourra aussi, en manipulant imprudemment ces pierres coupantes, se blesser douloureusement. Et l'on pourra même blesser, éventuellement mortellement, d'autres hominiens. C'est le côté «négatif» de la technique. Il n'y a jamais, dans l'histoire des innovations, d'avantages sans inconvénients.
Cette notion même de début de l'humanité est d'ailleurs problématique. L'on admet aujourd'hui que, dans le cadre de l'évolution biologique, la spéciation (l'apparition de nouvelles espèces) a fait surgir, parmi les Primates, des êtres nouveaux qui sont les lointains (des millions d'années !) ancêtres des êtres humains actuels.
Mais décider si l'humain est apparu il y a sept millions ou deux millions d'années est très difficile, d'abord parce que les datations sont délicates, que les restes (ossements fossilisés) sont très rares, mais aussi parce que la distinction entre « singe » et « homme » est relativement arbitraire.Pour simplifier, nous dirons qu'il y eut d'abord des australopithèques, qui ont déjà des caractères humanoïdes, mais qui sont encore très proches des singes, puis des pithécanthropes, puis qu'apparaît le genre Homo, il y a environ 2,5 millionsd'années
L'on s'accorde aujourd'hui à admettre que l'Afrique fut le berceau de l'humanité. Les paléoanthropologues ont décrit une douzaine d'espèces différentes dans le genre Homo. C'est dire qu'il y eut, parmi ces premiers « hommes », une très grande variabilité biologique. Notons bien que la différence entre deux espèces est encore plus profonde que la différence entre deux races. Certaines espèces ont coexisté pendant de longues périodes. La plus ancienne est Homo habilis, dont le cerveau avait un volume moyen de l'ordre de 700 centimètres cubes. Puis apparurent diverses autres espèces, dont une des mieux connues est H. erectus, avec une capacité crânienne de l'ordre de 1 000 cc. Les trois espèces apparues le plus récemment sont H. floresiensis, H. sapiens et H. neanderthalensis. L'espèce floresiensis est mal connue. Elle a vécu en Indonésie. Les espèces sapiens et neanderthalensis seraient apparues il y a environ 350 000 ans. Le genre Homo (comme tous les hominiens précédents) est né en Afrique, et c'est à l'occasion du passage en Europe et en Asie occidentale qu'eut lieu la spéciation produisant ces deux nouvelles variantes humaines.
L'espèce neanderthalensis (que l'on appelle en
français « l'homme de Néandertal ») a disparu il y a environ 30 000 ans. L'espèce floresiensis a disparu il y a quelque 20 000 ans. Quant à Homo
sapiens (que l'on appelle aussi l'homme de Cro-Magnon), il a résisté à toutes
les épreuves, et existe aujourd'hui à plus de 7 milliards
d'exemplaires. La question de savoir pourquoi l'homme de Néandertal a disparu
alors que l'homme de Cro-Magnon a survécu est très controversée. On ne peut pas
écarter l'idée d'une lutte entre les deux espèces, mais il est difficile de trouver des preuves d'une lutte à
mort entre les deux groupes.
L'on cherche
systématiquement des outils préhistoriques en pierre taillée depuis le XIXe
siècle, et les innombrables spécimens récoltés et conservés
précieusement dans les musées permettent aujourd'hui de reconstituer de
manière très précise l'évolution de ces outils. On n'est pas étonné de
constater que les plus rustiques sont les plus anciens, et que les outils les plus finement
travaillés sont les plus récents.
Le problème qui consiste
à relier une « industrie lithique » à une espèce d'hominiens est très délicat. Les gisements
préhistoriques très anciens sont évidemment rares, et il est peu fréquent de trouver en un même lieu
des ossements fossilisés et des outils en pierre, sauf pour les périodes préhistoriques
les plus récentes.
Les outils en pierre les
plus anciens que l'on connaisse sont constitués par un galet dont on a, par percussion, enlevé
un seul éclat, ou parfois deux ou trois. Cela constitue un outil extrêmement primitif, que les
Français appellent un « galet aménagé » ou un « coup de poing », et
que les Anglais appellent un « chopper
». Cette technique, vraiment rudimentaire, a été découverte par les australopithèques, qui
sont les plus anciens hominiens.
À vrai dire, il ne
s'agit pas encore vraiment de « pierres taillées », mais de « pierres
éclatées ». Les préhistoriens appellent cette industrie — la plus ancienne
de l'humanité — la « Pebble
culture», ou I'« Oldowayen ». Les premiers galets en pierre éclatée ont en effet été trouvés dans des
sites préhistoriques de Tanzanie, dans les gorges d'Olduvai.
Par la simple réflexion,
et aussi en observant le comportement actuel de singes, dans des zoos ou dans leur lieu
de vie naturel, on peut affirmer qu'avant d'utiliser la pierre, les premiers hominiens ont fait appel aux
branches, qui peuvent servir à divers usages. Mais le bois est
périssable, et il n'y a aucune chance de trouver un outil en bois vieux de
plusieurs millions d'années. De toute manière, le bois est peu résistant, beaucoup moins
que la pierre, et il ne peut pas donner ce qui fait vraiment l'efficacité de l'outillage lithique : le tranchant.
Il n'y a donc
absolument aucun doute. L'outil en pierre a, vraiment, changé le monde
des premiers hominiens. La découverte du tranchant a, d'emblée, fourni plusieurs
possibilités : couper, percer, racler, scier... On utilisera les choppers et les outils plus élaborés qui viendront
plus tard pour abattre de gros animaux qu'il est pratiquement impossible de vaincre à
mains nues, ce qui accroîtra considérablement les ressources alimentaires. On pourra travailler le
bois et d'autres matériaux (lianes, os...) pour diversifier les objets utiles. C'est le côté «
positif» de la
technique. On pourra aussi, en manipulant imprudemment ces pierres coupantes, se blesser douloureusement. Et l'on pourra même blesser, éventuellement mortellement, d'autres hominiens. C'est le côté «négatif» de la technique. Il n'y a jamais, dans l'histoire des innovations, d'avantages sans inconvénients.
Le chopper est donc à la fois le premier outil et la première arme. C'est aussi le
premier instrument, l'ancêtre du scalpel. Grâce à son tranchant, l'utilisateur d'un galet
aménagé peut pénétrer dans des objets qui, jusqu'alors, échappaient à sa curiosité. Il va découvrir
l'intérieur du corps des gros animaux, il va fouiller le sol et
découvrir ce qu'il y a sous terre. L'ingéniosité de l'inventeur de l'outil
va être suivie par la curiosité de leurs utilisateurs. Les facultés humaines vont pouvoir s'exercer. Tout cela parce que, il y a
des millions d'années, un hominien a frappé un caillou contre un autre caillou. Les singes
utilisaient parfois un caillou pour frapper un fruit dur et en extraire le suc nourricier. Mais le caillou était
jeté après utilisation. C'est quand le singe (en train de devenir hominien)
conservera son caillou pour un usage futur, quand il aura le projet d'une nouvelle utilisation, et surtout quand il
prendra un deuxième caillou pour façonner le premier, que la
technique naîtra vraiment. Que l'humain apparaît sur la Terre.
La technique est le signe de l'humain
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